La main saisit un morceau de plastique transparent
Une pression discrète du pouce et de l’index. La surface lisse réagit instantanément, se déformant sous l’effet du contact. Un réseau de plis s’étend, irrégulier, chaque marque qui apparaît devient temporaire.
Le geste change légèrement d’angle.
Lorsqu’il est étiré, le sac en plastique, la lumière se diffuse différemment. Peu à peu certaines de ses zones deviennent translucides tandis que d’autres se densifient dans des ombres plus profondes.
Retour à la cuisine.
Les reflets et les zones superposées rendent l’espace confus
Une fois abandonné, il reste figé, figé dans l’état exact de sa dernière manipulation. Le temps s’arrête ici, avant de reprendre une nouvelle forme sous une contrainte différente.
De plus en plus l’objet devient témoin d’un temps suspendu d’un espace figé où chaque mouvement marque un avant et un après.
Les tensions aux points de contact : Le temps semble s’arrêter ici, comme suspendu par cette transformation éphémère. Encore et encore, l’objet se fige dans un état intermédiaire, entre l’étirement et la contraction, de sorte que l’instant semble avoir cessé de couler..
Se succèdent les poses de fruits, de mains en terre, d’ossements, de bouteilles et de fleurs fanées.
Les bouteilles sont prises, une à une, la main les déplace lentement.
Les bouteilles s’alignent dans un ordre précis, formant une frontière. À chaque mouvement, de légers frottements se font entendre lorsque les objets se rencontrent, mais néanmoins, tout reste stable. En outre, les gestes sont réalisés lentement, chaque action permettant à l’objet de se redéfinir dans un espace de plus en plus restreint. Ainsi, le temps semble suspendu ici, tandis que la forme des bouteilles se cristallise progressivement dans cette composition.
La main se pose sur la surface rugueuse de la terre, les doigts s’enfoncent légèrement, testent la texture. Le contact est immédiat, une légère résistance se fait sentir.
Chaque objet est manipulé sans émotion, les gestes s’enchaînent dans une continuité sans but autre que l’ajustement. Le sac en plastique, la terre, les bouteilles : tout se juxtapose dans un ensemble, modifié à chaque contact, comme un espace figé entre deux moments. Le temps s’arrête à chaque étape de cette manipulation, laissant l’objet suspendu, figé, dans l’état précis de sa dernière transformation.
Le crâne, immobile, est ajusté sans précaution.
Puis la main se retire, laissant le poivron, légèrement pressé, se reformer. Le temps semble s’arrêter ici, suspendu par ce contact fugitif.
De nouveau, le plastique soumis à la pression, se tend, puis se relâche, retrouvant sa forme initiale avec une lenteur presque imperceptible.
« Le temps s’arrête ici » – Tirages aux sels d’argent, chacun 18×30 cm – 1989.