lūdĭbrĭum,ĭī, n. (ludus),

moquerie, dérision : ludibrio habere aliquem Pl. Men.396, se moquer de qqn ; ludibrio esse urbis gloriam piratico myoparoni ! Cic. Verr.2, 5, 100, la gloire de Rome servir de risée à une barque de pirate ! per ludibrium Liv. 24, 4, 2, d’une façon ridicule ; hoc quoque ludibrium casus ediderit fortuna, ut… Liv. 30, 30, 5, ç’aura été encore un hasard ironique amené par la fortune que… ; ludibrium oculorum Liv. 22, 16, 6, chose destinée à abuser la vue, à faire illusion, cf. Liv. 24, 44, 8 ||
outrage : corporum ludibria Curt. 10, 1, 3, outrages faits aux personnes, cf. Curt. 4, 10, 27

Gaffiot

Dans cette scène photographique de « Father dancing », nulle grâce ni habileté ne sont célébrées. Au contraire, la photographie semble commander à cet homme dépourvu de finesse de s’animer. Pourtant, le titre de la pièce évoque une « danse ».

Cette séquence photographique arbitraire suppose l’existence d’une chorégraphie, mais elle se fragmente intentionnellement. On pourrait évoquer les sculptures scientifiques de Jules Marey ou la splendeur des études de Muybridge, mais ici, ces éléments font défaut. Il n’y a pas de fusion des mouvements, seulement un enchevêtrement chaotique de plans qui se rejoignent sporadiquement.

Quel est donc le dessein derrière cette composition ? Il semble viser à conférer une illusion de mobilité à quelque chose qui intrinsèquement ne l’est pas. La figure patriarcale se dresse devant l’objectif de sa fille, brandissant l’appareil photo comme une arme et ordonnant : « Bouge ! », « Tourne ! », « Avance ! ». Le « danseur » se tient solitaire, sur une scène théâtrale, semblant maladroit et risible, avec un corps peu enclin au mouvement. Cette fois, la figure patriarcale se révèle dans une forme moins élaborée et souple que celle d’un Noureev.

« Father dancing » brise ainsi la traditionnelle immobilité historique du sujet, avec le père endossant le rôle du danseur et étant photographié par sa fille, inversant le schéma évoqué en 2001 dans « Grimaces« .

En utilisant une pause longue, il serait possible de mentir, d’accorder aux gestes une ampleur, d’étirer l’espace et de définir un autre tempo. Cependant, pour parvenir à la bonne cadence, il faut prendre le temps de se libérer mutuellement des rôles traditionnels préétablis, mettant ainsi un terme à cette valse maladroite.

La photographie devient ainsi un outil de subversion, capturant un moment qui transcende la danse pour exprimer quelque chose de plus profondément humain…

« Father Dancing  » ou « Ludibrium » Diane Ducruet 2005 36 tirages aux sels d’argent – Cet ensemble présente 36 Cadres de format 40×40 cm, soit environ 400 cm x 190 cm – 14 ème Rencontres Photographiques de Nantes (QPN) 2010 – Nature humaine Opus 2, « Je »


In this photographic scene from Father Dancing, neither grace nor skill is celebrated. On the contrary, the photograph seems to command this man, devoid of finesse, to come alive. Yet, the title of the piece evokes a “dance.”

This seemingly arbitrary photographic sequence implies the existence of a choreography, but it intentionally fragments itself. One might think of the scientific sculptures of Jules Marey or the splendor of Muybridge’s motion studies, yet here, such elements are absent. There is no fusion of movements, only a chaotic entanglement of frames that meet sporadically.

What, then, is the intention behind this composition? It seems to aim at conferring an illusion of motion upon something that, by nature, is not. The patriarchal figure stands before his daughter’s camera, brandishing the device like a weapon and commanding: “Move!”, “Turn!”, “Go on!”. The “dancer” stands alone, on a theatrical stage, awkward and slightly ridiculous, with a body resistant to movement. This time, the patriarchal figure reveals itself in a form far less supple or refined than that of a Nureyev.

Father Dancing thus breaks with the traditional historical stillness of the subject — the father taking on the role of dancer, photographed by his daughter — inverting the scheme evoked earlier in 2001’s Grimaces.

By using a long exposure, one could lie, grant gestures a certain amplitude, stretch space, and define another tempo. Yet to find the right rhythm, one must first take the time to free each other from the pre-assigned traditional roles, thus putting an end to this clumsy waltz.

The photograph then becomes a tool of subversion, capturing a moment that transcends dance to express something more profoundly human…