Je travaille dans un cadre « ordinaire », structuré par le temps du salariat, des contraintes domestiques, et notre vie familiale.
Cette réalité n’est pas extérieure à ma pratique : elle en fait partie.
Créer suppose d’organiser un emploi du temps, de planifier, de composer avec les espaces disponibles — une table, un coin de mur, une lumière passante. Je pense à Julia Margaret Cameron qui installait sa toile de fond à côté des berceaux, je travaille à proximité de ce qui constitue la vie quotidienne.
J’ai converti mon abri à charbon en chambre noire, et le poulailler vitré que j’avais offert à mes enfants est devenu ma maison de verre !
Julia Margaret Cameron
Mes sujets viennent pour la plupart de cet environnement immédiat : couverts, verres, morceaux de carton, surfaces repeintes, jouets, amis, famille…
Ce sont des éléments et figures proches, « prélevés » puis transformés.
Ici, le travail de la couleur sur ces objets et de la lumière présente permet de les déplacer de leur contexte afin de permettre l’ouverture d’espaces nouveaux. Ces objets, peints puis photographiés, deviennent des jeux d’exercice visuel : une discipline du regard dans un contexte contraint.

Une pratique ajustée à la réalité, un système de contraintes intégré, d’une attention portée à ce qui se trouve à portée de main.
Créer n’est pas fuir le réel, mais le reformuler.
C’est, à travers des gestes précis et une méthode répétée, maintenir un espace de pensée et d’image au sein même du travail et du quotidien. Une gymnastique mentale.
Jan Groover, démarre sa pratique de la nature morte avec un grille-pain qui tombe en panne.
Dans les années 1970 et 1980, Groover se concentre sur des objets ménagers ordinaires. On comptait: des ustensiles de cuisine, des nappes, des tasses, des assiettes, et d’autres éléments de la vie domestique. .
« Peintre avant d’être photographe, elle aimait donner vie aux objets pour en faire jaillir la beauté. » Par Emmanuelle Lequeux Publié le 18 septembre 2019.


Peinture monochrome – Gouache sur papier toilette – 1993

Cette série de natures mortes, se place à la frontière de la peinture et de la photographie. L’une interroge l’autre avec l’effet trompe-l’oeil de la couleur qui recouvre des choses, photographiées. Le reflet du dispositif, la délimitation artificielle du plan fait basculer dans cet aller-retour: réalité matérielle et représentation picturale, entre 2D et 3D.



























