Entre 1997 et 2008, je trace un parcours à travers 4 histoires de l’oeil, en explorant les œuvres de Jean Eustache, Giacometti et Georges Bataille, ainsi que le mythe de Méduse.

L’œil, omniprésent de l’Antiquité à nos jours, trouve une conclusion singulière avec l’IA. C’est ainsi que je re-considère ces précédents travaux…

L’histoire de l’art a scruté l’œil comme sujet central, mais l’IA introduit une rupture dans la perception. Aujourd’hui, où l’IA génère des images, la question du regard prend un nouveau tournant…

La Pointe à l’œil

Alberto Giacometti

Cette œuvre doit son titre actuel à l’histoire de Pinocchio (« pina all’occhio »).
« Plantée sur un plateau délimitant un mystérieux espace de jeu, champ de tir ou cadran solaire, une figure squelettique voit sa cavité oculaire menacée par un dard disproportionné. Avec cette saisissante sculpture-objet qui assimile la fonction scopique à une pulsion
de mort, Alberto Giacometti rejoint l’univers de l’écrivain Georges Bataille dont la sulfureuse Histoire de l’œil est parue en 1928.
« 

Ici, une histoirs de l’oeil, inspirée de Giacometti. Le cône en pointe à l’oeil, ci-dessous, évoque la relation conceptuelle entre la photographie et la sculpture. (Dans « Males posing« , il en va de même avec le dessin, dans « L’Usage de la femme« , on retrouve l’écriture…)

Diane Ducruet – Tirages jet d’encre pigmentaire noir et blanc et couleur sur papier Ilford heavyweight mat – 21X29,7 CM – V2 – 2022.


Une sale histoire

Film de Jean Eustache – France / 1977 / 50 min

D’après une histoire originale de Jean-Noël Picq. – Avec Michael Lonsdale, Laura Fanning, Elisabeth Lanchener, Françoise Lebrun, Virginie Thévenet.

Lors d’une soirée, un homme raconte à des amis comment, dans un café parisien, il est devenu voyeur. Ce récit est en deux parties, filmé avec son protagoniste réel, puis joué par des acteurs.

Voir https://www.cinematheque.fr/film/57096.html

Ci-dessus: « Le Loup » , Diane Ducruet – Installation – Miroir, Fourure de Loup, tirage« baryté » au gélatino-bromure d’argent, ficelle et carton – 1992

(PHOTOGRAPHIE /SCULPTURES. Textes de Domonique Païni, Michel Frizot, Hubertus von Amenlunxen, Hélène Pinet, Jean-René Gaborit, Françoise Ducros & Régis Durand.)


L’Histoire de l’oeil

GEORGES BATAILLE

Collection L’Imaginaire (n° 291), Gallimard

«Cet incident eut pour Simone un sens extrême, elle se tendit et jouit longuement, pour ainsi dire buvant mon œil entre ses lèvres. Puis, sans quitter cet œil sucé aussi obstinément qu’un œil, elle s’assit, attirant ma tête, et pissa sur les œufs flottants avec une vigueur et une satisfaction criantes. »

Ci-dessus: L’histoire de l’oeil – D. Ducruet – Série de 4 tirages argentiques- 50X50cm – 1998


Méduse

Le Caravage, Méduse (2nde version), huile sur toile de lin, montée sur bouclier. 1597-98. 60 x 55 cm. Musée des Offices, Florence (Italie).

La série : Passengers

« À jamais divinisés, et confiants dans notre extraordinaire valeur d’échange contre un argent plus expressif que tout ce qu’on peut imaginer, nous organiserions des cérémonies silencieuses où nous pourrions tous prendre des poses et des places. Les soins infinis que nous mettrions à disposer les miroirs pour que nos reflets nous montrent l’exacte puissance de notre image, seraient récompensés. Nous ne naîtrions plus que pour être et notre triomphe nous dispenserait de connaître les sciences et de pratiquer la vertu. Et nous n’aurions plus de sexe ou plutôt il n’en resterait qu’un, celui de Méduse. Seuls ou par milliards nous serions identiques et chez l’un ou chez l’autre. Nous serions toujours à la même place, éminemment spectaculaires à nous-mêmes. »

Milou  » Les choses  » pour « Les Passagers ou Pygmalion à l’envers » 2003